28 Février 2016
Sur le site Faire Couple (Liaisons inconscientes), vous pourrez retrouver un entretien avec Françoise Haccoun sur la relation entre "Pierre" et "Blanche" (pour reprendre le titre d'un livre passionnant de Henri Bauchau).
J'ai rencontré deux fois Blanche Reverchon, rue Antoine-Chantain. La première fois, un peu après ma première visite en 1970, elle est apparue dans l'escalier un peu sombre, vêtue d'une robe blanche, et nous avons échangé quelques mots sur le palier, pourvu de sièges, qui interrompait à peu près à mi-chemin cet escalier, me sembla-t-il, vertigineux. Des paroles que nous avons échangées, je me souviens que l'une était pour m'encourager à revenir voir "Pierre", et l'autre pour me dire, sans que je puisse retrouver le souvenir des mots qui de mon côté avaient pu appeler cette remarque, qu'il fallait "vivre avec l'angoisse comme on vit avec un compte sans provision". Mots qui sont restés gravés, furent parfois d'un grand secours. Le livre de Henri Bauchau les éclaire admirablement, dans leur sens multiple.
La seconde fois, ce fut après la chute d'octobre 1971, qui provoqua une fracture du col du fémur et la mit en grand danger. A la fin d'une conversation avec Jouve dans le grand bureau d'en bas, je fus conduit très simplement jusqu'à la chambre où elle était couchée, où je pus lui parler brièvement. Elle lisait "dans le texte allemand" m'avait-il dit avec fierté, la correspondance de Robert et Clara Schumann. Je me souviens d'avoir vu près du lit Alice, le tableau de Balthus qui a donné l'occasion à Jouve d'un récit dans Proses, et qui se trouve aujourd'hui dans les collections du Centre Pompidou.