27 Février 2018
Vient de paraître en cette fin de février 2018 le numéro 1067 la revue Europe, consacré à Yves Bonnefoy. Vingt six contributeurs, parmi lesquels les cinq critiques chargés de l'édition future des Oeuvres dans la Pléiade (Odile Bombarde, Patrick Labarthe, Daniel Lançon, Patrick Née, Jérôme Thélot), mais aussi Philippe Jaccottet et Michel Deguy, donnent accès à une première vision de l'existence posthume du poète. Dans la diversité des lectures transparaissent la diversité (et la complexité) des chemins parcourus, comme la permanence des choix poursuivis avec obstination tout au long d'une vie d'écrivain ; et finalement la puissance créatrice d'une voix multiforme et toujours reconnaissable. Michèle Finck, ordonnatrice de ce numéro, l'a placé sous le signe de cette obstination, troisième pôle d'une triade dont les deux autres, formant un couple dialectique aux manifestations multiples, seraient la séparation et la réparation : la déchirure et l'espoir de reconstituer, par la poésie, la robe sans couture, le monde "un". Ce programme, qui rend compte en effet de l'amplitude de l'oeuvre, laisse également s'exprimer bien des différences, dans l'approche, et en favorise l'unité, toujours en travail. Et c'est elle qu'il faut retenir.
J'aimerais signaler au lecteur, dans le même numéro d'Europe, un remarquable article consacré par Olivier Barbarant aux Lettres à Ysé, de Paul Claudel, récemment publiées par Gallimard. Il montre de la façon la plus émouvante que seule la poésie rend compte d'une certaine vérité de ce qui est vécu, dont les données de l'existence telles qu'elles transparaissent dans l'échange du quotidien ne font que souligner plus profondément encore la miraculeuse énigme.